Cette année, nous nous pencherons sur la fascination de l’Antiquité, et notamment de l’Histoire ancienne, dans la France d’Ancien Régime, à la faveur du cas d’étude particulier qu’est le roman. Genre en quelque sorte « illégitime » et en quête de définition, à l’âge baroque le roman s’inspire volontiers de l’Histoire antique, qui lui offre non seulement, d’un point de vue thématique, un décor rassurant, une toile de fond et des éléments d’intrigue que les lecteurs, pas forcément savants mais cultivés, sont censés connaître ne fût-ce que de manière approximative, mais aussi, dans une perspective théorique et poétique, une sorte de caution de véridicité par laquelle les romanciers entendent répondre aux critiques des doctes, qui leur reprochent d’accumuler des récits faux et invraisemblables. Le rapport de ces fictions, mettant en scène des histoires d’amour entravées par de nombreuses et longues séries de péripéties, avec la donnée historique telle que l’ont transmise les historiens anciens, demeure cependant controverse. Nous interrogerons en effet le traitement voire l’adaptation sinon l’adultération de ce récit historique par les romanciers du XVIIe siècle, que nous mettrons en relation avec les pratiques d’enseignement de l’époque. D’autres faits, tels que l’abandon de l’Antiquité au profit de l’histoire plus récente, qui s’impose avec la « nouvelle historique » après 1660, et l’infléchissement voire la disparition des sujets antiques dans le roman du XVIIIe siècle, nous fourniront des éléments de réflexion ultérieurs, que des suggestions hétérogènes tels le traitement de certains thèmes historiques dans la peinture du Grand Siècle, et la mise en scène de figures de l’Antiquité gréco-romaine dans l’opéra, nous permettront de situer dans un contexte esthétique et intellectuel plus large.

Extraits de romans de l’âge baroque (G. et M. de Scudéry, Artamène, Clélie; Segrais, Bérénice). Anthologie de textes poétologiques et critiques du XVIIe siècle fournie pendant, le cours.